Pourquoi Déclencheur n’aime pas Twitter ?

twitter-friends.jpg

Déclencheur c’est le podcast de Benoît Marchal sur la photo “comme vous ne l’avez jamais entendue”. Un magazine mobile original et bien fait, que je vous invite à visiter. Je cite cet exemple dans cette note parce que je cherchais l’occasion d’écrire une note sur Twitter, que nous échangeons régulièrement avec Benoît sur les nouvelles pratiques du Web et qu’il a publié une note récemment intitulée “Pourquoi je n’aime pas Twitter”. L’occasion était toute trouvée. Je vais donc tenter de répondre à ses arguments en donnant ma propre vision du sujet.

140 caractères, c’est trop peu pour écrire quelque chose d’historique

Twitter n’a pas été conçu pour écrire des proses historiques, c’est un service permettant de communiquer dans un mode “1 to many” et de relayer l’information. Il ne faut surtout pas l’utiliser pour ce qu’il n’est pas, un système de gestion de blog par exemple même si l’appellation “micro-blogging” peut prêter à confusion. Adam Singer explique pourquoi il faut continuer à bloguer et non pas tout baser sur Twitter. Avec un peu d’habitude, il est vraiment possible d’exprimer une idée en 140 caractères : “faire court c’est long”, l’entraînement est indispensable.

Les liens sur Twitter sont illisibles

On parle bien là des liens de type TinyURL (URL raccourcies par un service spécialisé) car rien n’empêche de poster un lien en clair tant qu’il ne dépasse pas 140 caractères. Personnellement cela ne me dérange en rien, je ne m’intéresse pas au lien en lui-même car je ne sais juger de l’intérêt d’une page web qu’en la voyant. Combien de fois ai-je suivi un lien explicite pour me rendre compte que le contenu différait totalement et ne m’intéressait pas. De plus j’ai très vite fait de cliquer sur le lien, de visualiser la page et de me faire une idée de son contenu. Par contre, ce qui m’importe plus en matière de liens, c’est que ce qui est posté sur Twitter via TinyURL soit redirigé vers l’URL native et repris par les moteurs de recherche (meilleur référencement). Il est donc important de choisir son service de gestion des URL courtes, tous n’utilisent pas une redirection 301 (mais bit.ly le fait, lire l’article suivant).

Les tweets défilent sans organisation / le système de conversation est peu lisible

Le principe même de Twitter est d’offrir un service, pas une application cliente. C’est un choix assumé et en contrepartie Twitter permet à tous ceux qui le souhaitent de développer de belles applications conviviales. Le système de conversation natif de Twitter est ni lisible ni illisible, il doit simplement être adapté à sa façon personnelle de gérer l’information. Et là je trouve que Twitter a bien réussi son coup : plutôt que d’imposer un mode d’utilisation, ils proposent le service et laissent les utilisateurs choisir l’application adéquate. Seul inconvénient, il faut des bonnes volontés pour développer les applications clientes, ce qui ne manque pas puisque des dizaines de sites lancent autant d’applications tous les jours. Je vous invite à consulter le site Twitip (Thanks to Darren for his reference site) qui présente les meilleurs outils pour utiliser Twitter (et bien d’autres sujets).

Personnellement j’utilise Twhirl au fil de l’eau (sous Adobe Air) et TweetBeep pour tracer les sujets qui m’intéressent (réception de mails regroupant tous les tweets sur un même sujet).

Tweetdeck propose un système de gestion des tags et groupes original, je ne l’ai pas adopté car cette application ne sait pas gérer deux comptes Twitter simultanément mais l’idée est intéressante. Je teste actuellement Seesmic Desktop qui s’avère prometteur.

Les ReTweets (RT) multiplient les tweets

Bien sûr, c’est le but ! Je fais un usage très particulier des RT, ils me servent à voir qui suit réellement mes propres tweets, et si ces derniers intéressent mes followers. Si rien n’est repris alors je limite ce type de messages, si un tweet est repris plusieurs fois alors c’est un signe que ce type d’information intéresse et je sais que je peux les multiplier.

Quant à établir des conventions ou une liste de métadonnées (les RT, #, @) dont parle Benoît, je n‘y suis pas favorable. Plus on en ajoute, moins les gens utilisent. Ce serait certes un moyen d’organiser l’information mais le propre de Twitter est justement de laisser un fort degré de liberté aux utilisateurs, les forcer à passer par un vocabulaire précis serait restrictif et contraignant. Par contre je remplace systématiquement ‘RT’ par ‘Via’ que je trouve plus compréhensible (d’autant plus que certains de mes tweets sont renvoyés sur mon profil Facebook et que dans ce monde là, l’abréviation ‘RT’ n’a pas grand sens.

140 caractères, c’est trop peu pour un retweet

Dans l’absolu oui, mais pas toujours. Je reprends souvent des tweets anglosaxons en supprimant des mots, en faisant court, en francisant, et ça marche pas si mal. Mais il est vrai qu’il faut penser à ça en postant, n’oubliez pas de laisser de la place pour les suivants si vous voulez être relayé !!

Ce n’est pas un système destiné au grand public

On a dit pareil du mail, du téléphone portable, du SMS. Non, je pense au contraire que Twitter est si simple à utiliser qu’il va forcément finir par toucher le grand public. Mais ce public là n’étant pas primo adoptant, il faut du temps pour que certains usages pratiques apparaissent et se multiplient, comme celui de la boulangerie qui prévient sur Twitter quand son pain est cuit (si, si).

Il est difficile de retrouver une information pourtant bien reçue

Je trouve au contraire que chercher dans Twitter est particulièrement aisé. Le site de recherche Twitter search est simple et pertinent, Google indexe vite et bien les tweets, je n’ai aucune difficulté de ce côté-là. Attention par contre au fait que Twitter impose une limite au nombre de tweets archivés par compte, actuellement de l’ordre de 3200 (lire la note de Presse-Citron à ce sujet).

Il faut s’inscrire sur plusieurs services pour utiliser au mieux Twitter

Plus exactement, on nous soumet tous les jours des dizaines de nouveaux services qu’il faut “absolument” tester :  après quelques tests initiaux, je les évite désormais systématiquement. Le seul que j’utilise au quotidien est TweetBeep, les autres services ne m’ont jamais rien apporté si ce n’est quelques déboires avec des followers automatiquement ajoutés à mon compte. Méfiance donc. Une fois de plus, Twitter, plus c’est simple mieux c’est.

J’ai le verbe long et Twitter me limite

Et c’est pour cela que l’on aime Déclencheur, ne change rien ! 140 caractères, ce n’est pas fait pour écrire une note de blog, bis repetita, c’est un mode de communication direct. Twitter n’est pas un outil de mail, ni de chat, c’est … Twitter, un outil de communication bidirectionnelle, entre un individu (vous) et le monde extérieur (les comptes Twitter sont pour la plupart publics). Twitter a plein d’usages possibles : poser des questions, recevoir des recommandations, donner un avis, rendre service, etc.

Twitter est bien adapté aux faits d’actualité et aux réactions à chaud, ce que je pratique mal

En effet, c’est même le meilleur outil disponible actuellement. L’info internationale circule plus vite sur Twitter que dans les médias (cf. les attaques de Bombay en direct), qui d’ailleurs arrivent tous en masse sur Twitter. Mais là-aussi, il me paraît tout à fait envisageable de continuer à prendre le temps de la réflexion et de l’analyse tout en étant hyper réactif sur Twitter.

Quant à disposer d’un mode brouillon sur Twitter, non, surtout pas. Twitter c’est comme le SMS, c’est le message qui compte, pas la forme. C’est différent d’un blog ou d’un article de presse (lire la note de Tutwow, là Benoît ne va pas aimer !!).

Tout cela n’est que parties de conversations que je ne comprends pas

J’ai un avis partagé sur le sujet. C’est à la fois tout à fait normal, la vue que l’on a de Twitter à un instant t est une vision instantanée de dizaines de conversations qui se croisent. Un peu comme si l’on se plaçait au milieu d’un groupe de gens en pleine conversation sans nécessairement savoir de quoi ils parlent. A chacun de gérer, personnellement je zappe des centaines de messages et vais à l’essentiel, de façon visuelle.

Pour autant, Twitter n’est pas un service de messagerie instantanée et ne doit pas le devenir. Je m’insurge tous les jours contre ceux qui l’utilisent ainsi. Twitter ne doit pas être pollué par des échanges directs entre deux individus, échanges personnels et qui ne concernent que ces deux personnes. La communication sur Twitter, c’est “1 to many” et pour les échanges personnels de type “1 to 1” utilisons les services dédiés (je vous conseille d’ailleurs l’excellent Digsby qui fédère bon nombre de services comme MSN Messenger, Yahoo Messenger, Gmail Chat, Facebook Chat, LinkedIn … et Twitter).

A la fin de sa note, l’ami Benoît soulève quand même quelques points positifs (ouf !). Voyons ça en détail.

N’importe qui peut écrire à n’importe qui

Oui, et ça c’est bien. Pas uniquement (mais un peu quand même) pour accéder à des personnes dont on n’a pas l’email, mais parfois pour échanger plus vite. J’ai connu une telle situation récemment où le responsable d’un site dont j’utilise les services a répondu à mon tweet dans la minute alors qu’il ne répondait pas à mes mails depuis plusieurs jours (je tais le nom, promis, et je me dis qu’il était surchargé). Twitter a ainsi agit comme un appel téléphonique, en mode synchrone, alors que mes mails, en mode asynchrone, attendaient qu’on veuille bien les traiter. Autre intérêt, il est possible facilement et rapidement d’accéder à quelqu’un par simple rebond (‘retweet’) en demandant qui connaît la personne en question.

Je ne partage par contre pas l’avis de Benoît sur le point de comparaison avec le mail, ce n’est pas la même chose du tout. Je ne sais pas accéder aux adresses emails de bon nombre de personnes, qui sont par ailleurs présentes sur Twitter. Twitter est donc plus efficace si je souhaite les joindre. Twitter permet d’initialiser des relations, de prendre des contacts, ce que ne permet pas aussi facilement le mail. Le mail vient après pour personnaliser la relation. De plus, les gens sont souvent plus prompts à dialoguer via Twitter que via leur messagerie si vous ne les connaissez pas.

En conclusion

Twitter n’est ni un forum, ni un blog, ni même un réseau social – dans un réseau social je choisis mes contacts, sur Twitter je ne sais pas qui me lit. Twitter est une fenêtre ouverte sur l’internet, mon compte twitter est accessible à tous, je peux aisément engager des échanges avec des inconnus, donner un rendez-vous via mon téléphone portable dans la minute, recevoir des infos sur des sujets choisis sans avoir mon ordinateur sous les yeux – d’ailleurs Messieurs les opérateurs de téléphonie mobile, faites un effort pour libérer les SMS Twitter en France. Les usages vont bien au-delà de ce que l’on connaît avec les sites traditionnels, participatifs ou non. Et oui, il y a des limites, mais les avantages les surpassent largement.

Le débat est lancé, je sais par avance qu’il y a autant de façon d’utiliser Twitter qu’il y a d’utilisateurs, je vous laisse donc réagir, et si ça vous tente, vous pouvez toujours me joindre sur @JCDichant !

Merci à Benoît pour sa participation involontaire !

2 thoughts on “Pourquoi Déclencheur n’aime pas Twitter ?

  1. Jean-Christophe Post author

    Je pense que nos lecteurs respectifs l’entendront ainsi, si ce n’était pas le cas, cela méritait en effet clarification.

  2. Benoît

    Je me dois de clarifier : je n’ai pas prétention à écrire quelque chose d’historique ! Je trouve par contre que, hormis quelques citations historiques (que je n’écris pas, j’assume), il y a peu de textes de 140 caractères qui méritent d’être diffusé au public.

Comments are closed.